Yuyan Lin
Une transformation du déplacement
Depuis 8 ans ma famille a emménagé dans un autre quartier de la ville de Guangzhou en Chine. Quant à moi, je suis partie en France voici 4 ans, et il ne me semble pas avoir changé. C’est un jour où j’étais rentré à la maison, voyant ma petite voisine devenue une jolie jeune fille, que je me suis rendue compte que le mouvement s’intégrait pleinement dans notre vie tranquille.
La notion de « mouvement » implique toutes les manières du changement. En 1992, dans l’un des textes qui composent son concept du temps phénoménologique, Klaus Held expliquait que chaque changement se produit dans un déroulement « d’une existence à une autre existence », point de vue qui nous montre clairement les activités de déplacement. Les mouvements de déplacement constituent nos vies quotidiennes, et dans les geste quotidiens transparaît l’ordre de notre vie sociale, et cette transformation est aussi valable dans l’art. Évidemment, le voyage est l’un des mouvements principaux de notre vie « standardisée », et le voyage m’a donné les moyens de comprendre que le mouvement est l’essence de la vie, et l’échelle du mouvement renvoie à l’échelle du temps.
Le voyage est un déplacement qui se déroule en parallèle avec le mouvement du temps, il change aussi bien la vitesse de la vie « standardisée » que celle de l’oeuvre d’art, duplication qui renforce l’expérience, et fait du voyage une compression de la vie. Et c’est la raison pour laquelle le voyage à toujours été élevé au rang de mythe ancré dans notre esprit. Mais de nos jours, avec la facilité de déplacement, les non-lieux ont détruit totalement ce mythe. Il est à présent « construit » comme un nouveau mode de vie, et à cette fin objets et espaces publiques sont créés pour un usage spécifique. Nous ne sommes plus les créateurs ou aventuriers autodidactes de nos histoires du voyage.
En suivant le déplacement, j’ai bien conscience que les chose qui se passent à l’échelle du monde sont réfléchies dans nos vies quotidiennes. J’accumule les signes, les étrangetés dans la banalité pour décrire le monde autour de nous et rechercher les essences de la vie par les rencontres avec les archétypes et stéréotypes. J’emprunte une phrase de Gilles Deleuze dans Proust et Les Signes : « C’est que l’essence est amenée à prendre une forme de plus en plus générale, une généralité de plus en plus grande. A la limite, elle tend à se confondre avec une «loi » ».
En opposant les non-lieux de Marc Augé et les non-sites de Robert Smithson, j’ai vu deux situations antagonistes : un espace sans âme mais qui garde la forme substantielle d’un lieu, et une pièce qui représente l’âme d’un site sans en reproduire sa forme. Par cette voie, je me rapproche de la nature. Par rapport aux destinations, le voyage qu’on fait dans la vie épouse un sens horizontal, c’est la rencontre avec les différents éléments de la vie humaine. Et le voyage vertical change les rapports entre l’être humain et la nature. Il y a plus de matière qui intervient dans les transformations qui sont effectuées par des mouvements verticaux. Et j’ai projeté de consacrer une partie de mon travail en volume sur les mouvements marins, « les eaux territoriales », espace sauvage garant de la plus grande biodiversité et instrument politique et économique aux lignes fictives façonnées par et pour l’homme. Plus précisément, le mouvement maritime inclut principalement un mouvement vertical et un mouvement horizontal, celui du déplacement, celui du voyage. Et la verticalité apporte la modification du déplacement.