Xavier Rognoy

Par la mise en tension de formes colorées sur un support plan, mon travail s’attache à interroger la peinture et son histoire par la peinture. D’un travail qui s’interressait d’abord à la gestualité (transparence/opacité, contrôle/incontrôle) menant à la création de formes, ma pratique s’est ensuite portée vers la notion de cadre (au sens des limites du support plan qui reçoit la peinture). En effet, m’apercevant que mes formes n’étaient jamais enfermées dans le support, j’en suis naturellement venu à m’interroger sur la notion de fragment (une forme n’apparaissant que partiellement sur le support et suggérant donc son développement en dehors des limites de ce même support nous soumettant ainsi à une vision fragmentaire). De là a ensuite découlé une réflexion sur l’aspect expansif et spatial que pouvait produire la peinture. Expansion qui se veut toujours à la surface du plan et que je tente donc de traiter en rapport avec le mur ou le sol. Ainsi, partant toujours de la peinture, mon travail s’attache aussi dans certains cas à questionner le champ de l’installation.
Pour ce qui est des techniques utilisées, j’ajoute simplement que mes peintures sont toutes réalisées à l’acrylique et/ou gouache sur papier et auxquelles peut parfois être associé le collage. Le support papier étant une manière pour moi de me rapprocher un peu plus du mur ou du sol en évitant l’épaisseur du châssis, mais aussi une façon d’affirmer fermement que la peinture est un objet vivant que l’on dépose sur un autre objet vivant (le support). Ce dernier réagissant immédiatement à la liquidité de la peinture en se gondolant, se recroquevillant ou se courbant sur lui-même.