Dawei Dong

L’art du rebond

Écrire sur le travail de Dawei c’est écrire sur un univers. Plusieurs approches existent pour comprendre  un monde , dans le cas de Dawei  la visite peut commencer  par de  multiples points. Si vous débutez par un élément comme  la couleur vous pouvez vous retrouver entre le plan et le volume, comme entre la matière du support et des outils, et, plonger ensuite vers la quasi immatérialité de la poussière du pastel, le tout finissant par esquisser  la silhouette d’un paysage chinois. Une autre fois, ailleurs, ce sont les  livres d’une bibliothèque qui se réorganisent par la couleur de leur tranche et non plus par le contenu des ouvrages. La couleur ici est matière et objet , pour peindre non pas des tableaux mais des organisations picturales et spaciales.
Chaque médium semble être l’occasion d’un nouveau départ , l’artiste ne cherche pas à capitaliser sur ses acquis , aucun principe formel, aucun à priori ne semble limiter les possibles intervention . Si l’expérience des pièces passées existent , Dawei remet à chaque fois en jeu  une partie de ses acquis pour reformuler autrement sa perception du monde .
Une telle attitude n’est pas sans risque , et si elle ne garanti pas un  supposé « progrès » , elle assure à l’artiste le plaisir de la réflexion et la satisfaction de voir naitre à chaque nouveau défi la surprise.
Cette variété pourrait laisser penser qu’aucune structure  ne supporte l’édifice, que l’artiste se laisse  porter par quelques rencontres, influences ou  air du temps, la vérité est qu’un édifice est en construction, le travail est parcouru par un réseau souterrain où chaque éléments trouve sa place.
Si l’on s’attache à l’origine  des pièces  l’on  trouve essentiellement  une observation du quotidien, de cet environnement des motifs plus que d’autres , parce qu’ils ont  un potentiel suffisant pour faire émerger une poésie, sont retenus. Des formes qui par association deviennent la raison de s’étonner du monde qui nous entoure.
Ce monde de Dawei peut également se faire  par un jeu de mots et de formes. Nous trouvons par exemple  une pièce  où les fragments d’une peinture  décrépie  devient au mur de la salle d’exposition un ciel parcouru de nuage. Si ce détail perçu lors d’une visite d’un lieu abandonné à échappé à la vigilance d’autres personnes, l’artiste ici dit son attachement à ouvrir les yeux sur le réel comme ailleurs sur le virtuel  d’internet où l’artiste va puiser des images.
L’une de ses œuvres  a comme point de départ une image de l’univers qui une fois agrandie  après   un laborieux travail de « nettoyage » fini par révéler une composition abstraite où les planètes deviennent les tableaux colorés d’une œuvre d’un autre temps.
Pour soutenir une  tel entreprise où la liberté est au rendez vous  il faut des contraintes, et c’est sans doute là que Dawei trouve des formes aussi exigeantes et inventives à la fois. Par ces règles élaborées au fur et à mesure que les travaux  se succèdent s’inscrit une histoire qui  s’autorise les écarts où chaque nouvelle situation est  propice à l’invention d’ une forme. Si demain est un autre jour l’œuvre de Dawei est également  la promesse d’un nouveau rapport au  monde.

Didier Mencoboni