Axelle Gonay

Je développe un travail autour du corps dans un espace et met en évidence  la tension qu’il peut y avoir entre ces deux éléments.
Attitude.quotidienne.
« Une réflexion sur le corps : la vie apparemment nous l’impose quotidiennement, puisque c’est en lui et par lui que nous sentons, agissons, exprimons et créons.
[…] Mais précisément une telle expérience n’est pas univoque : vivre son corps n’est pas seulement s’assurer une maîtrise ou affirmer sa puissance, mais aussi découvrir sa servitude, reconnaître sa faiblesse1. »
Mes vidéos sont les témoins de chorégraphies burlesques, nées de gestes et de situations quotidiennes, rejouées dans l’espace de diffusion.
Que ce soit le dispositif de mise en scène, les conditions de tournage, ou même la simple présence de la caméra face au sujet, la figure de la contrainte revient dans chacune de mes pièces : si c’est le corps qui m’intéresse, il faut jouer avec les règles auxquelles il est soumis (taille, poids, gravité, verticalité, articulations, motricité, …). À propos de l’œuvre « corps-sculpture » chez Erwin Wurm « Elle est simultanément dérisoire et irrésistiblement drôle, rigolote et tragique, désarmée et désarmante parce qu’elle pose la question de savoir ce que peut le corps humain et y répond à sa manière, dans la foulée, en soulignant la pauvreté constitutive de l’Homo erectus, incapable de se révolter contre ses microbes, impuissant à souligner autre chose, avec ses deux jambes, sa tête, son tronc et ses deux bras, que son enfermement dans sa propre stature2. »
Dans un autre temps, les questions d’espace d’exposition, de diffusion et de rapport au spectateur sont très importantes. Le travail d’installation permet de rejouer dans un espace autre ces questions, et de mettre en place un dispositif qui regroupe mes travaux vidéos. Ensemble, ils créent un espace dans lequel le visiteur se trouve pris comme un corps parmi d’autres, qu’il observe, et par rapport auxquels il se positionne à sa manière, comme il peut.
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1  Michel Bernard, Le Corps, Le Seuil, 1995 (réédition de l’éd. J.P. Delarge de 1976), introduction.
2 Thierry Davila, Marcher, Créer, Regards, Paris 2002, pp. 9-10.